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16/02/2010

La mort apprivoisée

 

 Les hommes craignent la mort dont ils se sont fait des représentations souvent épouvantables*.

« Nous troublons la vie par le souci de la mort, et la mort par le souci de la vie. » écrivait Montaigne.Mais la mort n’effraye ni les poètes, ni les enfants. Ils sont trop proches du Paradis. Quand ils jouent avec elle, ils gardent l’innocence de Hélas.

« Hélas ! » Quel drôle de nom pour cet être qui vit dans un cocon protecteur, à Croitou, et ignore tout de la vie, de ses perversités et de la malveillance de ses semblables. La créature de Stéphanie Tesson va donc accomplir un voyage initiatique pour apprendre. Quittant Nounou, elle se lance « dehors ». Et rencontre Not to be, c’est-à-dire la Mort, avec son masque terrifiant. Mais Hélas n’a pas peur. Pour elle « la mort, ça n’existe pas ! ». La Mort est vexée, elle l’emmène au « bazar de la vie » où on peut tout acheter. Le premier fripon venu, un « commissaire priseur », extorque le pauvre Hélas, qui sans malice, a acquis un « zizi d’époque », et ne peut pas le payer. Voici Hélas en prison.

La Mort est séduite devant tant d’ingénuité. Elle le fait libérer, et ne le quitte plus. Elle « platonise ». Elle est apprivoisée et jure de ne plus jamais tuer.

« Deux choses peuvent durer : la Mort et l’Amour. » Tous les poètes vous le diront.

Stéphanie Tesson est ce poète. Elle écrit, en octosyllabes, le plus souvent, dans une langue classique d'une grande beauté : « Disparais, chose superflue ! », ou « Plus de guerre et moins d'agonie ! » 

Elle est aussi narratrice et actrice, jouant tour à tour, Hélas, la Mort, et tous les quidams qu’ils rencontrent.

Elle mime, manipule des marionnettes (création : Marguerite Danguy des Déserts). Sobrement dirigée par Anne Bourgeois, elle commence le récit « à la table », sanglée dans une redingote noire (costume de Corinne Page). Tout est sombre autour d’elle. Puis, quand elle quitte Croitou, le fond bleuit (lumières de François Cabanat), ensuite il rougeoiera. Il fallait cette rigueur, ces mouvements mesurés, pour que le spectateur intériorise la quête de l’innocent.

De sous la table, Stéphanie Tesson tire des marionnettes stupéfiantes. Et pourtant, tout devient évident quand elles paraissent. Nounou ? Un sein naturellement. Le désir des hommes ? Un sexe, bien sûr. Rien d’obscène dans sa représentation. L’auteur-conteur est en état de grâce, magnifiée par le sens de la fable. Car il s’agit de repousser le Mal, de glorifier l’Amour, de croire.

Que la Mort renonce à tuer, dans les contes très anciens, ce souhait nous fut rapporté. Mais qu’elle se laissât mourir de désespoir, et que son platonique et fidèle amant restât auprès d’elle, nous trouble profondément.

La Mort ? « Je ne sais ni ce qu'elle est, ni ce qu'elle fait en l'autre monde. » disait encore Montaigne. Mais la réincarnation de l’innocence a le visage de Stéphanie Tesson.

Il est si rare de le rencontrer qu'il faut vite aller voir Hélas.

 

 

* On peut voir, sur ce sujet, en ce moment, la très belle exposition : Vanités au musée Maillol

 

Hélas, petite épopée apocalyptique de et par Stéphanie Tesson

Théâtre Artistic-Athévains

Jusqu’au 21 mars

01 43 56 38 32

www.artistic-athevains.com

 

 

29/06/2009

Terroir et Compagnie

 

Le Théâtre, par ces jours d’été, visite les jardins, et comme les spectateurs recherchent plutôt l’ombre fraîche des domaines feuillus et herbeux, ils se sont souvent rencontrés.

Le Potager du Roi, à Versailles accueille tous les ans, en juin, la jeune équipe de Phénomène et Compagnie, et comme elle y fait merveille, d'autres « Sites remarquables » ont voulu se faire remarquer en mariant les beautés de leurs sites et les saveurs de leur terroir aux goûteux textes de Stéphanie Tesson

L'auteur les met elle-même en scène, pardon, en vie dans la nature, avec la complicité, pour les maquillages, d'Anne Carmagnol, pour les costumes, de Corinne Page, et pour les accessoires, de Marguerite Danguy des Déserts. L'assaisonnement flatte le palais et nourrit la cervelle...

Dimanche dernier, le domaine de Méréville* incitait ainsi à la promenade, avec la découverte du « jardin de plaisirs » conduite par Manuel Pluvinage, historien et ancien directeur du Potager du Roi à Versailles.

Après le savant, vinrent les saltimbanques, et à travers la plaine, puis, sous la ramée, près du ruisseau, les comédiens attendaient leurs spectateurs. Fabienne Fiette leur proposa une histoire de sardine un peu radeuse. Thomas Volatier leur conta les déboires de l’amant de la menthe poivrée. Diane de Segonzac les initia à l’ouverture courtoise des huîtres de Cancale. Pauline Belle révéla le secret du poiré de Domfront. 318396.jpg

 

 

Pauline Belle, la Poire :  photo de Philippe Fretault.

 

 

Brock mit en garde les mangeurs de cresson menacés par la douve que les producteurs de Méréville ont éradiquée, et c’est sur le saint-nectaire en majesté que Lara Suyeux et Frédéric Almaviva terminèrent le savoureux parcours : un festin pour les yeux et pour l'intelligence...

Mis en appétit, les spectateurs auraient bien aimé une dégustation de ces mets délicats…

Ce sera pour l’année prochaine.

Ou alors, dans un autre domaine.

Tiens, à tout hasard, essayez donc le 4 juillet 2009 entre 15h et 17h dans les maisons de Champagne à Epernay (51)… d'autres textes, d'autres comédiens, d'autres producteurs...

Et à votre santé !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*Domaine départemental de Méréville (91)

Textes publiés aux édition Source

Consulter également les Sites remarquables du goût

 

01/10/2008

Correspondances

Elle n’était pas vraiment belle, elle était hardie de langage, et elle avait décidé que les rapports entre les hommes et les femmes devaient être « réciproques ». La baronne Aurore Dudevant un jour quitta son mari et sa province. Elle prit un nom d’homme et devint George Sand.

 

Dans le piquant spectacle Tout à vous, George Sand élaboré et joué par Valérie Zarrouk et Stéphanie Tesson, on vous explique comment le nom de l’amant Jules Sandeau fut châtré en Sand, et pourquoi georgicus (relatif à l’agriculture) se décline en George.

Scandaleuse George Sand qui osa s’afficher avec ses amants, en changer au gré de ses désirs, et demander le divorce ! Elle aimait la musique et la littérature. Mais elle aimait plus encore la liberté. Musset et Chopin l’ont aimée puis détestée. Et elle ? Elle les a plus chéris en mère qu’en amante. C’était une âme forte.

 

Valérie Zarrouk lui prête agréablement sa voix, Stéphanie Tesson lui donne la réplique avec passion : tour à tour Vigny, Musset, Chopin et quelques autres. Vêtues de noir comme il sied à toute âme romantique, elles lisent des correspondances qui se répondent et expliquent les raisons du cœur. Un pianiste (Nicolas Stavy ou Michel Guikovaty) ponctuent les lettres en jouant Mendelsohn, Liszt, Chopin, Schumann.

 

Allez vite palpiter avec ce trio charmeur.

 

 

 

 

 

 

Tout à vous, George Sand

De et par Valérie Zarrouk et Stéphanie Tesson

Théâtre du Ranelagh

01 42 88 64 44

le mercredi et le samedi à 17 h

jusqu’au 29 novembre.